Record d’activité pour les paquebots fluviaux et succès confirmé de la logistique fluviale urbaine en 2023 à l’échelle du bassin rhénan

Voies navigables de France (VNF) dresse le bilan 2023 du trafic fluvial sur le bassin rhénan. Le tourisme fluvial affiche un record d’activité pour les paquebots fluviaux rhénans et une très belle croissance pour les bateaux à passagers, avec un retour aux niveaux d’avant crise Covid-19. En matière de transport fluvial, la logistique urbaine durable se renforce à Strasbourg et dans les grandes métropoles avec notamment le déploiement de la fluvialisation de chantiers. Le contexte international tendu et la sécheresse estivale marquent cependant une légère baisse de l’activité fret sur le Rhin canalisé resté ouvert à la navigation.

Un trafic de plaisance marqué par une croissance record de l’activité de paquebots fluviaux sur le Rhin

Le tourisme fluvial retrouve ses niveaux d’activités d’avant la crise sanitaire

Sur le réseau grand gabarit, les paquebots fluviaux connaissent un record historique d’activité en 2023. Sur le Rhin, avec près de 400 000 passagers en 2023 pour 2 981 paquebots fluviaux, les écluses de Gambsheim affichent une très belle croissance de 20% de passagers en un an. Un niveau jamais atteint auparavant qui s’explique par une offre en constante augmentation entre 2013 et 2023.

À Strasbourg, le trafic de plaisance se concentre sur l’Ill canalisée, notamment pour l’intérêt touristique majeur du coeur de ville. L’attrait pour ces circuits en vedettes touristiques strasbourgeoises Batorama enregistre une année exceptionnelle avec une croissance de près de 14% sur le nombre de passagers par rapport à 2022 (+7% de passages à l’écluse de la Petite France), malgré un mois de décembre contraint par les phénomènes de hautes eaux. Avec un total de 740 348 passagers en 2023, cette activité de bateaux promenade retrouve ainsi les standards d’avant la crise sanitaire du Covid-19.

Sur le réseau petit gabarit, l’activité de location de bateaux habitables est en diminution de 7,30% par rapport à 2022, notamment durant la période estivale. Cette baisse s’explique par une reprise du tourisme globalisé dans un contexte post covid. Si la popularité du tourisme fluvial, qui allie parfaitement la proximité, l’évasion et les séjours insolites « made in France », tient une place de choix auprès des plaisanciers, d’autres publics plébiscitent également les destinations lointaines et exotiques.

Sur le territoire du bassin rhénan, les canaux de la Marne au Rhin et de la Sarre sont des points d’entrée particulièrement appréciés des plaisanciers allemands et néerlandais pour accéder au réseau fluvial français. Le canal de la Marne au Rhin est classé à la deuxième place du palmarès des canaux les plus fréquentés de France juste après le canal du Midi. Avec plus de 7 281 passages de bateaux au Plan
Incliné de Saint-Louis/Arzviller et 4 610 comptabilisés à Saverne en 2023, ces deux spots touristiques majeurs confirment l’attrait pour la navigation de plaisance en France.

L’activité du port de Saverne et plus globalement des ports alsaciens témoigne de la dynamique collective du partenariat signé entre VNF et la Ville depuis près de trois ans, avec pour objectif de contribuer à l’aménagement du territoire et de concourir à l’attractivité touristique. Par ailleurs, c’est pour développer de nouvelles synergies professionnelles et de nouveaux projets autour de solutions avec l’ensemble des acteurs du secteur que VNF participe depuis deux ans au Salon Saverne Fluvestre organisé par le cluster Saverne Fluvestre Innovation.
Sur le canal de la Sarre, l’écluse de Sarreguemines, dernière écluse française avant l’Allemagne, se maintient avec 759 bateaux en 2023.

Le tourisme fluvial, vecteur de développement économique et écoresponsable des territoires

VNF aide les villes situées le long des voies d’eau à développer le tourisme fluvial et fluvestre. L’objectif est de créer de la valeur ajoutée en valorisant le patrimoine fluvial, tout en réduisant considérablement l’impact environnemental, notamment grâce au verdissement de la flotte sur le réseau. La tendance du slow tourisme constitue de réelles opportunités en faveur du tourisme fluvial et fluvestre. Dans notre région, des solutions décarbonées existent déjà depuis 6 ans sur les canaux de la Sarre et de la Marne au Rhin avec la mise en place de bateaux Nicols et Canalous à propulsion 100% électriques, soutenus financièrement par VNF. Pour accompagner cette offre propre et silencieuse, l’Etablissement a installé une dizaine de bornes de recharge électrique le long de la voie d’eau. Soucieux des défis climatiques à venir, VNF compte poursuivre son ambition d’ancrer davantage le fluvial à l’échelle du territoire pour en faire un moteur de la croissance verte.

Le fret fluvial enregistre une dynamique sur certains segments de marché clés, malgré un léger ralentissement de l’activité lié au contexte international

L’intérêt grandissant du recours aux solutions de logistique fluviale urbaine bas-carbone

Le secteur de la logistique urbaine est en pleine évolution et constitue un enjeu environnemental, économique et social prépondérant dans les modes de vie actuels et dans l’organisation des villes et agglomérations de grandes tailles. Les services de logistique urbaine utilisant la voie d’eau sont encore rares en France et en Europe, mais tendent à se multiplier.

Décongestion des agglomérations, absence de nuisances, performances environnementales, les atouts de cette filière ne manquent pas, et son potentiel est stratégique face aux objectifs ambitieux des agglomérations en matière de transition écologique. Au niveau national, l’activité a été multipliée par 2,2 en 5 ans et se développe sur l’ensemble des bassins : Paris, Strasbourg, Lyon et bientôt à Rouen et Mulhouse.

Sur l’Ill, en coeur de ville de Strasbourg, le pari réussi du service de livraison Urban Logistic Solutions (ULS) alliant fluvial et vélo à assistance électrique pour la desserte des derniers mètres, se confirme avec plus de 452 voyages enregistrés en 2023, soit deux allers-retours par jour ouvré. Cette solution innovante permet d’approvisionner au coeur de la ville des commerces, des restaurants, des boulangeries, des particuliers et évite l’équivalent de 65 véhicules utilitaires légers (VUL) par rotation de bateau.

Après Strasbourg en 2020, la société ULS s’est implantée à Lyon en 2022 puis à Mulhouse en 2024 avec une rotation quotidienne par bateau pour tous types de marchandises dès le deuxième trimestre 2024. À Mulhouse, cette solution de logistique urbaine devrait permettre de retirer chaque jour entre 3 et 10 tonnes de marchandises des routes.

Dans le même ordre d’idée, le développement d’une future zone fret à Vendenheim sur le canal de la Marne au Rhin en partenariat avec l’Eurométropole de Strasbourg est également à l’étude. Cette plateforme logistique pourrait être multifonction et favoriser le report modal vers la voie d’eau de marchandises de différentes provenances : déchetterie intercommunale, comptoir agricole et nouvelle solution de logistique pour la zone de massification.

La fluvialisation des chantiers urbains est elle aussi en plein essor puisqu’en 2023, la construction du nouveau quartier Archipel a généré environ 4 500 tonnes de marchandises (matériaux de construction, agrégats pour le béton, tuyaux d’assainissement) transportées sur le canal de la Marne au Rhin. Cette expérimentation sur ce territoire a permis d’éviter le recours à quelque 200 camions et de permettre une livraison « juste à temps », des délais de livraison maîtrisés qui illustrent la fiabilité du transport fluvial même en milieu urbain dense. La démarche de fluvialisation de chantier a vocation à être déclinée sur les chantiers du quartier Citadelle, lauréat du démonstrateur « Ville durable ».

L’usage du transport fluvial en zone urbaine est un atout majeur puisqu’il permet de livrer ou d’évacuer des matériaux au plus près des chantiers en réduisant drastiquement les nuisances. La voie à un report modal de la route vers le fluvial s’inscrit pleinement dans le partenariat « Vie fluviale » signé en 2021 entre la Ville de Strasbourg et VNF.

Une légère baisse du trafic rhénan liée à la conjoncture internationale complexe

Face à la compression de l’activité économique sur certains des marchés les plus importants du secteur, le fret fluvial a enregistré au niveau national une baisse d’activité de l’ordre de -10% par rapport à 2022 en volume et tonnes-kilomètre (t-km).

Sur le Rhin supérieur, le trafic aux écluses de Gambsheim enregistre une légère diminution (-1%) avec 14,6 millions de tonnes de marchandises transportées et environ 60 bateaux de commerce par jour en 2023. Cette baisse s’explique par les épisodes de basses eaux bien qu’ils aient été de moindre importance qu’en 2022. En effet, l’hydraulicité a été marquée par des débits particulièrement faibles en début d’année 2023 puis à l’automne traduisant des difficultés de mouillage, notamment dans la partie du Rhin à courant libre en Allemagne et plus particulièrement dans le secteur de Kaub.

Cette baisse est aussi le résultat d’un ralentissement général des échanges sur les principales filières du fluvial et principalement lié à la guerre russo-ukrainienne dont les effets impactent les échanges de produits métallurgiques (-20% par rapport à 2022). Toutefois, nonobstant les travaux entrepris sur le sas Ouest, les mois de mars et août dépassent très largement les niveaux de tonnages de 2022 avec respectivement 1,5 (+45%) et 1,1 million de tonnes (+120%) enregistrées à ce point de comptage.

Par ailleurs et malgré une bonne récolte céréalière sur le bassin rhénan, la lente reprise économique chinoise et américaine couplée à une baisse des cheptels au niveau global ont fait chuter la demande mondiale de céréales (-17% entre 2022 et 2023).

Enfin, les tensions en mer Rouge (où transitent 75% des exportations européennes) ont contraint les armateurs à privilégier la route maritime du cap de Bonne Espérance, engendrant d’important surcoûts et un allongement des délais en particulier sur le trafic de conteneurs.

Si de manière générale, sur le plan national, l’ensemble des filières ont été impactées par la contraction de l’activité économique française et affichent des résultats en baisse, les filières BTP et céréales restent les filières principales du fluvial français et pèsent environ pour les deux tiers des marchandises transportées. En effet, aux écluses de Gambsheim, le transport de matériaux de construction affiche une progression de 10% tout comme celui des produits pétroliers, en hausse de 13% par rapport à 2022.

En 2023, il faut également souligner la performance du trafic de marchandises qui connait une croissance significative au port rhénan de Colmar (+9% par rapport à 2022), en particulier sur l’activité de colis lourds en hausse de 67% sur un an pour atteindre 464 000 tonnes transportées en 2023. Ce secteur à forte valeur ajoutée est un levier de développement clé pour le transport fluvial. Cette hausse s’explique notamment par l’investissement de la Société d’Economie Mixte à Opération Unique (SEMOP) – gestionnaire des ports rhénans – dans une nouvelle grue de manutention de colis lourds.

Le port de Strasbourg enregistre, quant à lui, une légère baisse des trafics (-3%) tandis que celle des ports de Mulhouse Rhin atteint -13% par rapport à 2022, une situation imputable principalement aux mouvements sociaux du début d’année qui ont paralysé les activités portuaires pendant plusieurs semaines ainsi qu’à la baisse temporaire de l’activité de 3 chargeurs importants du port notamment pour des opérations de maintenance préventive sur leurs outils de production.

Concernant le trafic de conteneurs, il est en diminution en 2023 dans tous les ports rhénans alsaciens en raison d’un ralentissement des échanges avec les principaux pays exportateurs (-26% sur le Rhin).

Pour Yann Quiquandon, Directeur territorial Strasbourg de VNF, « face au contexte international complexe et au dérèglement climatique de plus en plus prégnant chaque année, le fluvial sait se montrer résilient et capitaliser sur des leviers de croissance identifiés tout comme il continue de s’afficher comme une alternative crédible et efficace pour le transport de marchandises. Pour renforcer le report modal et la solidarité entre les modes bas carbone, nous sommes engagés avec tous les acteurs du secteur dans une démarche d’innovation pour agir sur la complémentarité avec le portuaire et le ferroviaire. De même que les solutions de logistique fluviale urbaine présentent un intérêt fort pour les grandes métropoles de l’hexagone, comme Strasbourg, Lyon et Paris, qui se sont déjà lancées dans le transport de marchandises aux particuliers et aux entreprises. Le « reflexe fluvial » comme mode de transport pour les matériaux de construction s’invite progressivement au coeur des entreprises du BTP pour « fluvialiser » les chantiers. C’est une belle avancée en matière de transition écologique ».

Avec le contexte actuel, marqué par des variations inédites extrêmes et de plus en plus fréquentes, la résilience climatique vient interroger de nombreux secteurs économiques et laisse place à de nouvelles contraintes. La stratégie fixée par le COP révisé en décembre 2023 entre l’État et VNF est de faire du fluvial le moteur de la transition écologique en matière de transport. Le transport fluvial représente une alternative de plus en plus plébiscitée par les chargeurs notamment avec la hausse du prix des carburants et des enjeux RSE conséquents. Il fait partie d’un acteur essentiel puissant, mais également sensible de la logistique de demain.

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