Plantes exotiques envahissantes : les expérimentations se poursuivent

En juillet 2024, 308 biefs sont touchés par un envahissement par les plantes aquatiques invasives. Cela représente une augmentation de 4,76% depuis 2023 et ce, malgré le combat quotidien des agents en période estivale pour maintenir les différents usages de l’eau.

D’année en année, VNF met de plus en plus de moyens pour lutter contre ces espèces, en particulier contre le myriophylle hétérophylle. Celle-ci a un développement exponentiel face auquel il n’existe pas de solution efficace à 100%.  Face à cette problématique qui concerne également les usagers, VNF se mobilise avec un ensemble de partenaires pour lutter.

L’efficacité de l’arrachage à l’automne se confirme

Le suivi 2021/2022 des actions d’arrachage du Myriophylle Hétérophylle à l’automne mettait en avant des 1ers résultats encourageants. Ceux-ci semblent se confirmer à condition de “bien arracher”. L’arrachage à l’automne ne permet pas l’éradication de la plante mais un meilleur contrôle de son développement, permettant ainsi de ne pas multiplier les interventions.

A Savoyeux, en Haute-Saône, des opérations d’arrachage ont ainsi été réalisées fin 2022 dans la partie amont et au printemps 2023 dans la partie aval. Le bilan est très positif : en mai 2024, on note la présence de la plante au fond de l’eau, uniquement détectable au grappin.

A Heuilley-sur-Saône, deux opérations de faucardage ont été réalisées en mai et en septembre 2020. L’arrachage, lui, a débuté dès 2021 à la pelle mécanique. Il s’est ensuite écoulé 1,5 an avant que la plante ne repousse de façon limitée sur la partie arrachée, là où elle n’a mis que quelques mois à revenir sur la partie faucardée. Cela démontre l’efficacité de l’arrachage face au faucardage automnale, mais l’opération représente un coût plus conséquent.

Test d’un nouveau procédé de ramassage automatique en 2023 : l’hydroaspiration

Le principe : la tête d’hydroaspiration écume la surface en aspirant l’eau et les plantes flottantes. Les plantes sont alors acheminées dans un tuyau large et sont stockées dans une chaussette filtrante. L’eau retourne dans le canal, les plantes restent dans la chaussette.

Les premiers résultats montrent que l’aspiration est efficace et qu’elle limite les dispersions. Les outils, qui représentent un certain coût d’achat, sont déplaçables sur une remorque standard. Cela représente un gain de temps pour les équipes, en plus d’une amélioration des conditions de travail car le ramassage n’est pas manuel. La technique reste néanmoins améliorable, avec un temps d’apprentissage et de test.

Des essais de valorisation

Une étude pilotée par le CEREMA a été réalisée sur la recherche de filières de valorisation et d’élimination des déchets de chantiers générés par la gestion du Myriophylle Hétérophylle. Cette étude a été complétée par un partenariat avec GRDF gaz afin d’étudier le potentiel méthanogène du Myriophylle Hétérophylle en vue d’une valorisation en méthanisation. Les essais ont montré que le potentiel méthanogène des plantes est faible malgré un processus de transformation rapide.

D’autres filières sont donc prévues à l’étude, comme le BTP ou la cosmétique.

Utilisation d’une combinaison de techniques pour lutter contre le Myriophylle hétérophylle dans le port de Saint-Jean-de-Losne : suivi de l’expérimentation

Depuis plusieurs années la gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne est envahie par le Myriophylle Hétérophylle, ne laissant place aux autres espèces. VNF a lancé en 2022 une expérimentation autour de l’utilisation de biotraitement combiné avec 3 techniques complémentaires : aération, brassage et colorimétrie.

Les premiers résultats mettent en avant un ralentissement du développement de la plante. En 2023, les plantes ont perdu 75% de leur biomasse, ce qui a permis un maintien de la navigation et une non-dispersion dans la Saône. La combinaison des trois techniques ne permet toutefois pas de définir l’impact de chaque solution sur la plante.

C’est néanmoins l’un des objectifs de la thèse de l’Université de Lorraine soutenue par VNF dont le rapport final sera rendu en fin d’année. Cette thèse vise à mieux comprendre l’écophysiologie de la plante pour en améliorer la gestion.

Test de nouveaux matériels

Depuis plusieurs années, VNF a pu utiliser plusieurs matériels pour le faucardage ou l’arrachage des plantes aquatiques invasives, en fonction des moyens disponibles à l’échelle locale ou pour la recherche d’une meilleure efficacité / praticités. Par exemple pour l’arrachage à la pelle mécanique, ceux-ci ont été équipé par différents godets adaptables. Les directions territoriales et le sièges échangent continuellement les retours d’expériences afin de converger à la fois vers une optimisation des interventions tout en prenant en compte le contexte local.

Les premiers résultats sur le bassin Rhône-Saône, où l’arrachage par fraisage a été testé en avril 2024, ont démontré une efficacité de la méthode en eau peu profonde et sur une petite surface, avec des outils moins lourds que les pelles mécaniques. Elle permet aussi un fraisage précis, un arrachage plus doux et plus efficace.