La gestion de l’eau, comment ça marche ?

Le réseau fluvial : entre fleuves, rivières et canaux

Sur les fleuves et rivières canalisés, alimentés naturellement en eau, Voies navigables de France (VNF) régule les niveaux d’eau grâce à des barrages mobiles. En situation normale, l’ouvrage laisse passer un débit maitrisé d’eau pour permettre le maintien du niveau d’eau. En période d’étiage (basses eaux dues à la sécheresse), avec un débit d’eau faible, l’ouvrage retient un maximum d’eau pour garantir un niveau d’eau compatible avec les différents usages. En cas de crue, l’ouvrage est positionné de façon à permettre le libre passage de l’eau, qui reprend ainsi son cours naturel. Le barrage est alors dit “effacé” et n’entrave plus l’écoulement de l’eau.

Les canaux, créés artificiellement par l’homme, ne sont pas naturellement alimentés en eau. L’eau qui y coule provient de prélèvements d’eau – via l’une des 364 prises d’eau dont dispose VNF – dans le milieu naturel (rivières ou cours d’eau à proximité des canaux) ou d’un ou plusieurs barrages réservoirs qui permettent de stocker de l’eau. VNF dispose de 50 réserves de ce type connectées aux canaux par un réseau de rigoles d’alimentation qui permettent d’acheminer l’eau.

Un réseau adapté et spécifique à la géographie et aux besoins des territoires

Naturels ou artificiels, ces fleuves, rivières canalisées et canaux ont été aménagés au cours de l’Histoire en fonction de la géographie des territoires et pour répondre à leurs besoins. Ils font aujourd’hui pleinement parti du patrimoine vivant de la France et sont au cœur d’enjeux structurants pour les territoires.

Dans le Nord par exemple, le réseau navigable est le cœur hydraulique du territoire. Il draine 80% des eaux du Nord – Pas-de-Calais, bassin hydrographique complexe caractérisé par de faibles dénivelés, l’absence de réservoirs et de très nombreuses interconnexions entre canaux et cours d’eau. Avec 680 km de voies d’eau, 90 écluses et plus de 100 ouvrages de régulation des niveaux d’eau, les équipes de VNF assurent une gestion hydraulique très fine et une surveillance en temps réel 24h/24.

Sur les fleuves comme la Seine ou le Rhin, ce sont les barrages de régulations des niveaux d’eau qui permettent à ces fleuves d’être constamment alimentés en eau. C’est cette régulation qui permet de maintenir l’eau au cœur de la capitale et de satisfaire les multiples besoins tout en préservant les équilibres écologiques, pour la faune et la flore.

Gestion hydraulique par Voies navigables de France : une expertise nationale et des agents sur l’ensemble du territoire

Les 4000 agents de Voies navigables de France mènent au quotidien une mission de service public exigeant d’assurer une gestion rigoureuse des ouvrages qui régulent l’eau.

Répartis sur tout le territoire français, ces agents publics de l’eau garantissent le transport de l’eau et l’équilibre entre ses différents usages. S’ils s’adaptent à la géographie du territoire, aux ouvrages et systèmes d’alimentation issu de l’histoire, ces “aiguilleurs de l’eau” disposent d’une véritable expertise de l’ingénierie fluviale et d’une expérience solide de la gestion de la ressource en eau.

Dans une recherche constante d’amélioration, VNF met en place des dispositifs internes permettant de mutualiser les connaissances et les pratiques et de moderniser les méthodes de travail pour renforcer plus encore l’expertise en matière de gestion hydraulique à l’échelle de l’établissement.

A titre d’exemple, VNF développe actuellement un important programme d’instrumentation de supervision de sorte à améliorer la connaissance en temps réel des différents débits et hauteurs d’eau et ainsi d’assurer la gestion la plus fine possible : prévoir précisément les besoins et adapter au plus juste la répartition de la ressource. Dans un contexte climatique où la ressource en eau peut se faire chaque année plus rare ou trop abondante par de plus en plus de phénomènes extrêmes, cet outil de modernisation apparait essentiel. Sont ainsi progressivement installées des stations de mesure qui permettent de calculer les quantités d’eau prélevées dans le milieu naturel, rejetées ou transportées. Ces données sont ensuite centralisées et consultables à distance en temps réel, permettant une surveillance globale du système et offrant la possibilité de déclencher des alertes automatiques en cas d’anomalies et de prévenir les agents. La gestion des ouvrages et les consommations d’eau peuvent ainsi être adaptées en permanence.

Cette supervision est accessible à tous via un portail proposé par VNF : le portail aGHyre.

Dans un contexte de changement climatique, un réseau de plus en plus mobilisé

Pensés initialement pour la navigation, les fleuves, rivières canalisés et canaux ont vu leurs usages évoluer au fil du temps. L’eau qui y coule, a plusieurs usages et répond aux besoins des communes et agglomérations qui se sont construites et développées historiquement autour de la voie d’eau.

Plus qu’un simple gestionnaire de la ressource en eau pour assurer la navigation (maintien de niveaux d’eau optimaux), VNF est en réalité un acteur majeur de l’eau en France, en rendant des services essentiels. Explications (voir la vidéo ci-dessous).

A titre d’exemple :

• Sur le Canal des Deux mers (Canal du Midi et Canal latéral à la Garonne) qui traverse les terres de toute l’Occitanie et une partie de l’Aquitaine 30 à 60% des volumes d’eau prélevés servent à l’irrigation et 12% à l’eau potable. Bien qu’il attire chaque année 30% de la navigation fluviale de tourisme du pays, seulement 30 à 50% de l’eau transitant sert à la navigation.
• De la Marne à la Seine-Saint-Denis, VNF régule le niveau d’eau toute l’année grâce à 13 barrages mobiles. Le niveau d’eau maintenu par les ouvrages est indispensable au bon fonctionnement de la prise d’eau de l’agglomération de Meaux, qui alimente 80 000 personnes en eau potable.

Balise : les multiples facettes de la gestion de l’eau