Voies navigables de France exploite sur le canal de Saint-Quentin deux souterrains fluviaux, celui de Riqueval (5 670 m) et du Tronquoy (1 098 m), tous deux construits au début du 19ème siècle. Le souterrain de Riqueval est le plus long tunnel fluvial de France. Le musée du Touage vous permettra de découvrir en famille l’un des derniers ouvrages au monde à utiliser le système de touage.


Ce souterrain est situé sur la commune de Bellicourt, dans le département de l’Aisne. Il permet de relier Riqueval et Vendhuile en passant sous les villages de Bellicourt et Bony mais également sous le Mémorial américain de Bellicourt. Le souterrain de Riqueval est construit sur le canal de St Quentin qui relie la Somme à l’Escaut et à l’Oise.

Des bras de l’homme au toueur électrique

Initié en 1769 par l’ingénieur Laurent puis stoppé, c’est Napoléon 1er qui relance le projet de construction du souterrain en choisissant son nouveau tracé en février 1801. Les travaux seront réalisés avec de l’outillage rudimentaire principalement par des déserteurs condamnés et des prisonniers de guerre.

Inauguré en avril 1810 par l’empereur et l’impératrice Marie-Louise, les premiers bateaux à traverser le tunnel en novembre 1810 sont flamands avec pour incitation une promesse d’exemption perpétuelle des droits de navigation pour le premier.

• 1810 : il faut 7 à 8 hommes pendant 12 à 14h heures pour haler les bateaux et franchir le grand souterrain de Riqueval.

• 1856 : le premier toueur à manège, nommé « Rougaillou », utilise la force de six à huit chevaux disposés en manège sur le pont, le manège actionnant un treuil. Très vite on abandonna ce mode de traversée qui n’était pas supporté par les animaux souffrants de tourner en rond dans la pénombre.

• 1864 : le toueur à vapeur lui succède mais celui-ci pose de graves problèmes d’intoxications par les fumées dans la voûte.

• 1910 : mise en service du premier toueur électrique.

• Jusqu’en 1985 : le tunnel du Tronquoy utilisera un toueur électrique comme celui de Riqueval. Il est aujourd’hui en navigation libre et alternée.

Touage souterrain de Riqueval : un des derniers toueurs au monde

Construit sur le canal de Saint-Quentin entre 1801 et 1810, sur l’ordre de Napoléon Ier, il est (avec l’infrastructure de Mauvages, sur le canal de la Marne au Rhin) le seul endroit au monde où l’on pratique encore le système du touage ou remorquage des péniches à la chaîne.

La traversée du souterrain sur 5,6 km se fait donc par le dernier «toueur» électrique encore en service en France. Ce bateau-treuil est capable de tracter plusieurs péniches, moteurs arrêtés, la ventilation du souterrain de Riqueval ne permettant pas d’évacuer les gaz d’échappement des péniches.

Le toueur se hale à l’aide d’une chaîne de 8045 m et d’un poids de 96 tonnes posée au fond du canal et fixée à chaque extrémité du souterrain. Le déplacement est rendu possible par l’enroulement de cette chaîne autour de grosses poulies situées sur le toueur.

Disposant de deux moteurs électriques de 35CV et alimenté par un courant continu de 600V, il peut remorquer un train de 30 péniches à une vitesse de 2,5 km heure, soit une traversée en un peu plus de 2 heures. Le premier toueur électrique, l’Ampère mis en service en 1910, a été réformé en 1994 et fait office de musée depuis.

Anecdotes : Pendant la traversée du tunnel, les mariniers, libérés du travail de gouverne du bateau, se réunissaient à plusieurs pour manger des crêpes ou de la friture, et jouer de la musique : un instant de fête que ce passage leur offrait, les occasions étant peu courante dans ce métier.

Depuis le 1er janvier 2017, les conditions de traversée du souterrain de Riqueval, sont modifiées pour s’adapter à la baisse du trafic sur cet itinéraire (en moyenne moins de 3 bateaux par jour). Désormais, le passage est assuré à la demande, 48 heures à l’avance. Le service à la demande permet, non seulement, de réduire la pénibilité du travail dans ce tunnel où les agents sont exposés à un environnement humide et bruyant, mais aussi d’économiser le toueur qui reste nécessaire à la circulation sur le canal de Saint-Quentin.

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