Saint-Ferréol, aux sources du canal du Midi
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Au cours des siècles, de multiples projets ont été lancés pour la création d’un canal entre Atlantique et Méditerranée. En vain !
La véritable difficulté n’était pas de construire un canal de navigation, mais bien de pouvoir l’alimenter en eau toute l’année.
La véritable origine du canal du Midi
En 1662, Pierre-Paul Riquet, fermier des gabelles du Haut-Languedoc, dévoile à Colbert son projet de construire un canal établissant la liaison entre les fleuves Aude et Garonne, réalisant ainsi le vieux rêve du Canal des deux Mers.
Pour réussir dans cette entreprise, il compte utiliser les ressources en eaux de la Montagne Noire où s’écoulent plusieurs rivières d’importance. Son idée est simple : intercepter une part des volumes d’eau nécessaires au remplissage et à l’entretien du canal en construisant une rigole qui croise le lit de ces rivières. Cette rigole doit acheminer l’eau prélevée jusqu’au seuil de Naurouze, le point le plus haut du canal du Midi. Et comme le débit des rivières baisse pendant une grande partie de l’année, à cause de l’insuffisance de pluies, Riquet projette de construire plusieurs barrages pour faire des « magasins d’eau » où seront stockées des réserves.
Après discussion avec les experts qui l’entourent, Riquet convient d’édifier un seul et grand barrage sur la rivière du Laudot, en un lieu propice à cette construction : le vallon de Saint Ferréol. La première pierre est posée avec toutes les solennités requises le 18 avril 1667. Le chantier va mobiliser quotidiennement des centaines de personnes. Déjà, en 1672, le barrage est partiellement mis en eau. Les travaux se poursuivent jusqu’en 1680. En 13 ans, le plus grand barrage d’Europe à l’époque voit le jour.
Le réservoir contient à cette date près de 4 millions de mètres cube d’eau. C’est déjà une belle prouesse technique. En 1686, Vauban, commis par le roi pour inspecter les ouvrages du canal préconise la surélévation du barrage afin de renforcer les réserves en eau. Les travaux sont réalisés de 1687 à 1692. La rehausse est de 4,87 mètres et la contenance théorique du réservoir portée à 6,3 millions de mètres cube.
Ce réservoir est stratégique dans le fonctionnement du canal. Jusqu’en 1782, date de la mise en eau du réservoir du Lampy, Saint Ferréol est l’unique réserve d’eau pour l’alimentation du canal du Midi. Des prises d’eau en rivières et fleuves compléteront en aval, vers la Méditerranée, l’ensemble du système alimentaire.
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Patrimoine-Saint-Ferréol
Plan en coupe du Barrage de Saint-Ferréol. Elévation de la digue - 1770
Crédit photo : VNFPatrimoine - Saint-Ferréol
Plan de coupe du Barrage de Saint-Ferréol (XVIIème siècle)
Crédit photo : VNFPatrimoine - Saint-Ferréol
Plan du bassin de Saint-Ferréol, vers 1845
Crédit photo : VNFPatrimoine - Saint-Ferréol
Travaux sur la barrage du lac de Saint-Ferreol lors de la vidange décénale. On distingue la partie basse du mur du barrage construite par Riquet et la surélévation de Vauban.
Crédit photo : VNF-F. LachasPatrimoine - Saint-Ferréol
La digue du barrage de Saint-Ferréol
Crédit photo : VNF- F. LachasUne ”merveille de l’Europe”
Le site de Saint-Ferréol devient vite un haut lieu de visite. Le barrage et le plan d’eau sont considérées comme “l’une des merveilles de l’Europe que toute personne bien née doit avoir vue”.
Dès la fin du XVIIème siècle, le directeur du canal du Midi est mobilisé pour y accueillir les plus hautes personnalités. Les visites du site sont, pour les plus chanceux, agrémentées d’une visite de la chambre des robinets. Il faut alors emprunter une galerie souterraine pour atteindre le cœur du barrage et son système de vidange. Frissons assurés !
A partir du milieu du XVIIIème siècle, l’aménagement des plantations autour du bassin créé un cadre plus sauvage qui fait croire à l’origine naturelle du site. L’aménagement d’un parc d’agrément en contrebas du barrage conforte cette impression, renforcé par l’aménagement de cascades à partir des exutoires du barrage. Un jet d’eau imposant, inauguré en 1855, ajoute encore au pittoresque de ce lieu.
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Patrimoine - Saint-Ferréol
Baignade dans le lac de Saint-Ferréol -
Crédit photo : VNF-Coll SicardPatrimoine - Saint-Ferréol
Anciens robinets pour le contrôle du débits de sortie du lac de Saint-Ferréol permettant l'alimentation du Canal du Midi.
Crédit photo : VNF-D. LachasSt Férréol, digue &bassin années 30 (CS)-2
Saint-Ferréol, la digue dans les années 1930.
Crédit photo : VNFPatrimoine - Saint-Ferréol
La plage de Saint-Ferréol en 1959
Crédit photo : VNFSt-Ferreol-1873-2
La digue de Saint-Ferréol en 1873
Crédit photo : VNFPatrimoine - saint-Ferréol
Promenade à Saint-Ferréol - XIXème siècle
Crédit photo : VNF-Coll SicardPatrimoine - Saint-Ferréol
La digue de Saint-Ferréol, aujourd'hui
Crédit photo : VNF- D. LachasBarrage de Saint-Ferreol
Galerie de vidange du lac de Saint-Ferréol servant à l'alimentation du canal du Midi.
Crédit photo : VNFUn haut-lieu de villégiature
Ce cadre romantique saura séduire des générations de voyageurs. Le site est grandiose et, en période estivale, il offre une fraîcheur plus respirable que dans les plaines toulousaines et du Minervois. Pour les recevoir, un premier hôtel est édifié vers 1890. Toujours plus nombreux, venant en voiture à cheval puis en automobiles, les visiteurs vont progressivement conduire les communes riveraines à créer les structures d’accueil manquantes : amélioration du réseau routier, aménagement de parkings, création d’une base de loisirs. De nombreux restaurants sont ouverts pour nourrir les excursionnistes. Un petit musée y est ouvert en 1988, remplacé en 2008 par l’actuel établissement ”Le Réservoir ”.qui abrite l’Espace découverte du canal du Midi.
Mais les activités de loisirs qui se sont durablement implantées ne doivent pas faire oublier la fonction première de ce réservoir. Aujourd’hui, 350 ans après le début des travaux, il contribue toujours à l’alimentation du canal du Midi, permettant d’assurer l’eau pour la navigation, l’irrigation des terres agricoles et tous les usages du canal.