Record pour la filière céréales à l’export : le témoignage de SICA Nord Céréales

SICA Nord Céréales vient de réaliser un record historique du tonnage fluvial, en frôlant le seuil des 1,5 MT (1 472 kT) !
Une performance qui est une réussite de tous les maillons de la filière : coopératives, négoces, prestataires logistiques, avec une logistique sans faille pour les acteurs de la voie d’eau.

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Interview témoignage de Joël Ratel, directeur général de SICA Nord Céréales à Dunkerque

VNF : Nous constatons pour cette campagne 2019-2020 un nouveau record en tonnes fluvialisées chez Nord Céréales. Quels ont été pour vous les facteurs clefs de succès de cette campagne ?

Joël Ratel : Cette campagne nous a permis de battre de nouveaux records chez Nord Céréales : 2,8 Mt ont transité par notre silo de prestations portuaires dont 2,4 Mt de blé pour l’export vers des pays tiers (Maghreb, Chine, Afrique de l’Ouest).

Ce succès est dû à la conjonction de plusieurs facteurs : une récolte 2019 quantitative, qui permet de dégager des excédents, des qualités de récolte conformes aux cahier des charges des importateurs (blés panifiables), une demande mondiale forte dans un contexte tendu, une demande étalée sur plusieurs mois et surtout une logistique sans failles, ont fait que l’export de céréales a connu un engouement historique pour cette campagne 2019-2020 !

VNF : Comment la voie d’eau a-t-elle été un facteur clef de succès pour cette campagne ?

JR : Tout d’abord, le réseau a  toujours été disponible y compris durant le confinement, et les équipes de VNF ont toujours répondu présents. Ensuite, nos adhérents n’ont pas eu de difficulté à trouver la cale nécessaire cette année et les artisans bateliers ont démontré leur disponibilité face au besoin.

De même, chez SICA Nord Céréales, les dockers du GPMD et notre personnel n’ont connu aucune défaillance pendant cette période tendue et ont assuré leur service 24h /24 h, 7 j /7. C’est ce qui fait que la logistique très soutenue (645 kt fluviales en 4 mois) a pu être maintenue entre les trafics d’entrée au silo et les chargements de bateaux maritimes. Nous avons même du parfois utiliser en complément de nos outils les quais publics de Spycker (là aussi VNF s’est montré disponible). C’est parce que l’ensemble des maillons indissociables de la chaîne logistique a tenu, que nous avons pu réaliser cette performance !

VNF : Quel est l’importance de la voie d’eau pour SICA Nord Céréales ?

JR : C’est simple, il est majeur !  La voie d’eau représente cette année 51% des parts modales des transports (hors maritime) ! Nous avons beaucoup investi depuis 2015 : grâce au foncier dégagé par le GPMD, nous avons pu développer 3 nouveaux postes à quai pour décharger les barges. De même, nos adhérents ont continué à développer leur stratégie fluviale en renforçant les silos logistiques bord à voie d’eau ou en créant des nouvelles structures notamment sur l’Escaut.  Cela change complétement la donne dans notre périmètre de collecte et nous voyons transiter désormais des céréales picardes ou champenoises, ce qui a considérablement élargi notre périmètre d’action.

VNF : Quelles sont les perspectives de la voie d’eau pour votre activité ?

JR : Même si beaucoup de progrès ont été réalisés depuis 25 ans, il est nécessaire de continuer de soutenir la mise en place de silos logistiques bord à voie d’eau. Il va nous falloir trouver des moyens de joindre des silos plus lointains sur le Canal du nord, la Meuse, voire sur la Moselle et il nous faudra trouver des flux complémentaires pour que les péniches ne fassent pas des allers-retours à vide.

Chez SICA Nord Céréales, nous avons développé en ce sens des flux d’importations (maïs, pellets de bois) et travaillons toujours sur la mise en place de nouveaux flux pour rééquilibrer notre activité. Nous avons aussi réfléchi à la mise en place de navettes fluviales vers nos silos de collecte, l’idée qui a été étudiée n’a pour l’instant pas abouti, mais en France d’autres silos portuaires ont développé ce service. Il faudra donc à nouveau y réfléchir.

VNF : Comment s’annonce la prochaine campagne (moisson en cours) ?

JR : Les moissons se suivent et ne se ressemblent pas, et tous les ans nous devons développer de nouvelles stratégies face au marché. Les mauvaises conditions météo de semis du blé à l’automne, et un printemps trop sec, impactent lourdement la quantité des blés moissonnés en France. On parle à ce jour d’une récolte réduite de 20 %.

Cette situation est un peu différente en Nord – Pas-de-Calais et sur le nord de la Picardie, même si les rendements sont très hétérogènes. Nous mesurerons cela à l’issue de la moisson. La qualité des céréales en Hauts-de-France est par contre correcte, au regard des exigences des importateurs des pays tiers. La baisse des volumes limitera les quantités disponibles pour l’exportation. De plus, les pays concurrents de la France (Russie, Ukraine, Roumanie) reviennent sur le marché avec de belles moissons ce qui affaiblit les cours, mais la campagne vivra certainement des rebondissements et j’espère de belles opportunités pour nos adhérents !

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