2% pour le fret fluvial ? C’est un peu court…

 « Pour comparer avec pertinence la performance des différents modes de transport de marchandises, il faudrait se baser sur le même périmètre géographique » 

Souvent, il ressort que le fret fluvial ne représente que 2% du trafic de marchandises. Mais sur quels critères ce chiffre est-il calculé ? A-t-il vraiment un sens ? Le périmètre géographique national des réseaux routiers, ferrés et fluviaux sont sans commune mesure les uns avec les autres.
Le réseau fluvial français comprend 8500km de voies navigables, dont 6700km sont gérées par VNF. Le réseau à grand et moyen gabarit est de 2400 km, majoritairement situé dans le nord et Nord-Est de la France. Ces 2400 km sont à comparer au réseau routier qui représente lui plus de 1M de km et le réseau ferroviaire 30 000 km.

La part modale du fluvial est plutôt de l’ordre de 10 à 30% en t-km

En réalité, si on regarde à périmètre égal, sur les départements traversés par un réseau fluvial à grand gabarit (permettant de transporter une très grande quantité de marchandises), la part modale du fluvial est plutôt de l’ordre de 10 à 30% en t-km. Finalement on fait beaucoup (de trafic) sur peu (de réseau).

En Allemagne, la proportion de réseau à grand gabarit est bien supérieure à la France (5100km, soit 80% du réseau fluvial allemand), ce qui lui permet d’afficher une part modale nationale du transport fluvial 4 fois supérieure à celle de l’Hexagone : 10,7% en 2019. Il en est de même aux Pays-Bas, avec 4100km à grand gabarit, soit 66% de leur réseau. En France, seulement 25% du réseau est à grand gabarit.

De ce point de vue, la mise au grand gabarit du canal Seine-Nord-Europe connectant le bassin de la Seine au réseau du Nord de l’Europe devrait permettre d’accroître les volumes transportés par voie d’eau à horizon 2030 de près 3,3 milliards de tonnes-kilomètres (t-km).

Les grandes métropoles françaises directement bénéficiaires du fluvial

Toutes les grandes métropoles françaises sont desservies par le réseau fluvial : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Nancy, Dijon… Retour à l’histoire, puisque ces grandes villes se sont construites historiquement autour des grandes fleuves et rivières.

Les 10 à 30% de part modale du fluvial prennent encore une autre mesure dès lors qu’elles concernent directement une grande majorité de la population et lui permettent de bénéficier d’un meilleur environnement : meilleure qualité de l’air, moins de congestion, pollution, de nuisances, plus de sécurité… Aujourd’hui, le fluvial est le mode qui pénètre le plus efficacement dans les grands centres urbains, face à la saturation routière.

C’est ainsi que le fluvial se développe particulièrement sur la logistique urbaine, qui a par exemple progressé de plus de 40% sur l’aire parisienne par rapport à 2022, pour près de 150 000 tonnes transportées, soit une activité multipliée par 2,2 en 5 ans. Transport de petits colis pour des livraisons en centre-ville sur le dernier kilomètre, livraison de boissons, de matériels de bureaux, de meubles et décorations… Le transport fluvial trouve toute sa pertinence dans une nouvelle logistique urbaine de proximité et durable. 

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