Transition énergétique : des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale dans la ville
Ces équipements déployés sur le Rhône dans Lyon et la Saône permettent aux unités en escales de ne plus recourir à leurs groupes électrogènes. Il n’y a donc plus de nuisance sonore ni d’émission de CO2 et polluants « locaux ».
L’intégration au cœur de ville de la croisière fluviale et des services associés est un enjeu majeur pour un secteur d’activité en plein expansion, qui doit relever le défi de la transition énergétique et de la réduction des nuisances locales (pollution de l’air, bruit, déchets).
Croisières, qualité de l’air et transition énergétique : le déploiement de bornes d’alimentation en électricité décarbonée
Dans le cadre d’une concession accordée par VNF, SCE a progressivement équipé les principaux sites d’escales sur la Saône et le Rhône dans Lyon en bornes d’alimentation haute puissance. Ces bornes permettent de couvrir l’ensemble des besoins en électricité à quai des paquebots fluviaux et des péniches-hôtels (bateau de 38,5 m) pour certains sites. Chaque borne dispose de 2 prises de branchement et délivre de l’électricité décarbonée.
L’alimentation électrique à quai des bateaux de croisière permet de limiter fortement l’impact des activités des paquebots fluviaux sur l’environnement en réduisant la pollution de l’air, les émissions de CO2 et les nuisances sonores.
- En se branchant aux bornes électriques lors de leurs escales, les paquebots n’ont plus recours à leurs groupes électrogènes pour leurs besoins à bord. Cela signifie donc : 0 nuisance sonore, 0 émission de CO2 et 0 émission de polluants « locaux » (CO, NOx et Particules fines).
- Sur une année d’activité d’un paquebot (en navigation, escale ou hivernage), cela permet de réduire environ 60% les émissions de CO2 totales (en navigation et à quai) soit 750 tonnes économisées par an (1 aller-retour en avion Paris-Bangkok en A380) et de diviser par 60 les émissions en polluants locaux (CO, HC, NOx et Particules fines).
In fine, ces équipements permettront un gain annuel d’émissions de CO2 estimé à 8 500 tonnes sur l’ensemble du réseau géré par VNF dont 5 800 tonnes sur le territoire de la Métropole de Lyon (soit 68% des gains totaux).
A ce jour, 6 sites d’appontement sont équipés
- 3 à Lyon : Quai Claude Bernard (3 bornes paquebots), Quai Rambaud (1 borne paquebots) et Musée des Confluences (1 borne paquebots)
- 3 sur la Saône au nord de Lyon : Chalon-sur-Saône-Port Nord (3 bornes paquebots), St-Jean-de-Losne (1 borne paquebots et péniches hôtels) et Losne (1 borne péniches hôtels).
Très prochainement 2 sites supplémentaires seront mis en service : Trévoux (1 borne paquebots) fin mars 2024 et Seurre (1 borne péniches hôtels) en juin 2024.
Les études techniques pour le site Chalon-sur-Saône Centre-Ville sont en cours pour un aménagement en vue de la saison 2025.
Pour rappel, le contrat de concession de service public accordé par VNF en juillet 2022 couvre une durée de 14 ans. ENGIE Solutions a créé une filiale dédiée SCE (Saône Confluence Escales) pour réaliser les investissements d’un montant de 8,5 millions d’euros, elle se rémunérera par les résultats financiers de l’exploitation. En plus des bornes électriques, la concession inclut également l’installation de bornes à eau (afin de sécuriser les professionnels sur leur approvisionnement en eau tout au long de leur parcours) et une mission de régisseur sur les sites de Lyon et Chalon-sur-Saône en particulier (pour fluidifier les échanges entre les différents acteurs gravitant autour des activités de la croisière).
Ce projet a obtenu le soutien financier de l’ADEME sur le territoire de la Métropole de Lyon dans le cadre de la « Feuille de route pour la qualité de l’air en Auvergne Rhône Alpes » et du FNADT (Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire) sur le reste du réseau dans le cadre du Plan Rhône-Saône 2021-2024. Ces subventions permettent de proposer aux navires un prix de l’électricité compétitif.
A noter que sur le Rhône, CNR a commencé de mettre en place des services analogues.
Galerie
Transition énergétique_des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale dans la ville_photo VNF (1)
Des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale à Lyon
Crédit photo : VNFTransition énergétique_des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale dans la ville_photo VNF (2)
Des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale à Lyon
Crédit photo : VNFTransition énergétique_des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale dans la ville_photo VNF (3)
Des bornes d’alimentation électrique pour paquebots, une meilleure intégration de la croisière fluviale à Lyon
Crédit photo : VNFLogistique associée à la croisière : le recours à des nouveaux services par voie d’eau
L’activité de la croisière fluviale est génératrice de nombreux flux sur les quais, avec la présence de camions pour l’avitaillement en nourriture ou en carburant, le pompage des boues et eaux usées ou encore la récupération des déchets ménagers mais également la présence des cars pour le transport des passagers. En particulier, le quai Claude Bernard est un site d’embarquement et de débarquement de passagers où se font également les différentes activités de logistique liées à l’activité des paquebots.
Afin de réduire les flux présents sur les quais et les conflits d’usage associés, deux services fluviaux ont été mis en place dans Lyon
La collecte des déchets des paquebots fluviaux par la voie d’eau
Sous l’impulsion de VNF, SUEZ a mis en place un service de collecte des déchets ménagers des paquebots depuis la voie d’eau opéré par Blue Line Logistics (filiale de SOGESTRAN) et géré par SERVIS II (relation clients). Après une phase d’expérimentation concluante sur la saison 2022, c’est 90% des paquebots fluviaux qui vont utiliser ce service pour la saison 2023 sur Lyon. Ainsi, cinq jours par semaine, le bateau ZULU assure ce service en venant à couple avec les bateaux à quai.
L’avitaillement en carburant des paquebots fluviaux par voie d’eau
Depuis 2022, NEPTUNIA France (anciennement AS ENERGY) propose une barge avitailleur de carburant permettant de limiter les opérations par le quai. C’est environ 20% des paquebots qui l’utilisent, pour les compagnies dont le contrat européen de fourniture de carburant est déjà signé avec NEPTUNIA France. Cette activité a vocation à se développer progressivement.
Le renforcement de l’offre de carburants alternatifs
A la suite d’un appel à projet porté par VNF, le candidat retenu NEPTUNIA proposera en 2024 un pôle de distribution multi-énergies pour les professionnels du tourisme et du transport fluvial (en plus du GNR classique : GTL puis biocarburants, GNL et GNC…). Ces nouveaux carburants peuvent réduire jusqu’à 5 fois les émissions de CO2 et de particules par rapport au gazole.
Le fort potentiel du secteur de la croisière fluviale à l’échelle de l’axe
Avec 26 paquebots fluviaux et 110 000 passagers (hors crise COVID), le bassin Rhône Saône est le premier bassin en France pour la croisière fluviale. De 90 à 135 mètres de long, ces bateaux de croisière proposent des prestations de 3 à 4 étoiles. Ils accueillent en moyenne 150 passagers (de 50 à 190). La clientèle est très majoritairement européenne et américaine.
Les croisières durent en moyenne une semaine sur la Saône et le Rhône, sur différents itinéraires entre Saint-Jean-de-Losne et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Elles permettent de combiner navigation et découverte de territoires particulièrement riches d’un point de vue historique, paysager culturel et gastronomique : la Bourgogne, le Beaujolais, la région lyonnaise, la vallée du Rhône, la Provence et la Camargue.
Les retombées économiques sont estimées à 140 millions d’euros pour les territoires (108 pour les territoires bordés par le Rhône et 32 pour ceux bordés par la Saône).
A l’horizon 2030, il est envisageable de parvenir à une trentaine d’unités. Leur bonne intégration nécessitera un lien fort avec les acteurs du tourisme et les collectivités territoriales, ainsi que le développement et l’amélioration des appontements.
Lyon est l’une des principales villes d’escales aux côtés d’Arles, d’Avignon ou encore Chalon-sur-Saône. Les paquebots y bénéficient de stationnements VNF dans le centre-ville avec trois sites sur le Rhône et un site sur la Saône (quai Rambaud). Il existe également un site quai Fillon, quartier Gerland, géré par CNR en rive gauche du Rhône.
La fédération de l’écosystème au sein du club de la croisière Rhône Saône
Créé en 2022 à l’initiative de VNF et de CNR, gestionnaires du réseau et des appontements, le Club de la croisière rassemble l’ensemble des acteurs de « l’éco système » de la croisière fluviale sur le bassin Rhône Saône : les compagnies de croisière et leur représentant E2F (Entreprises Fluviales de France), les collectivités définissant les stratégies touristiques (Régions et Départements), les collectivités d’accueil (EPCI et communes), les organismes de promotion touristique (comme les offices de tourisme) et les agences réceptives pour la croisière.
L’ambition partagée est de développer de façon concertée cette filière en renforçant son ancrage territorial, sa transition écologique, sa qualité de service et sa promotion. En partageant les expériences et en coordonnant les actions, il s’agit de mettre en place une logique « gagnant-gagnant » au profit des touristes, des territoires et des professionnels.
Le Club permet de porter des réflexions relatives à d’autres enjeux forts et de long terme, tels que l’avitaillement local en nourriture, l’amélioration de la promotion et le renouvellement de la clientèle, l’amélioration globale de la qualité de service ou encore la transition vers une croisière plus durable.
La feuille de route 2022-2024 définit 5 grands axes de travail et des premières actions à engager pour impulser une dynamique de travail collectif à l’échelle du bassin. Ce sont d’ores et déjà quatre groupes de travail qui sont actifs : meilleure connaissance des besoins des tours opérateurs, charte d’accueil des sites d’escales, avitaillement local en nourriture et taxe de séjour. Le prochain Club Croisière se réunira à Lyon en juin au niveau des services et les premiers résultats des travaux de ce Club de la croisière seront présentés aux élus du bassin à l’automne 2024.
Dossiers
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