Crise sanitaire : comment toute la chaîne logistique s’est mobilisée pour la continuité du service fluvial

Lionel Le Maire est le directeur Transport du groupe Soufflet, un groupe agroalimentaire familial international qui fait transporter par voie d’eau 1,4 million de tonnes de céréales par an. Andy Fouquier, le batelier du Borneo, une péniche d’une capacité de 1 100 tonnes qui travaille sur l’axe Seine. Regards croisés sur la gestion de la crise sanitaire par la chaine logistique fluviale.

Lionel Le Maire, directeur Transport Groupe Soufflet :

“2019 a été une très bonne année de récolte en France, avec des blés et orges de qualité, un bel excédent pour l’export, une moindre pression concurrentielle de la Mer Noire et des prix compétitifs. La pandémie est arrivée en plein temps fort, et nous avons un moment craint pour la chaine d’approvisionnement sur l’axe Seine, vers nos silos portuaires de Rouen. Mais suite à l’intervention de l’interprofession, les acteurs publics et privés se sont rapidement organisés pour permettre la nécessaire circulation des marchandises et la continuité de service. Un vrai défi en pleine crise sanitaire, face à une très forte demande à l’export ! Pour le relever, nous avons aussi été aidés par le renfort de bateaux habituellement affectés aux chantiers du Grand Paris, alors à l’arrêt. Nous avons été particulièrement attentifs au respect de nos procédures par les affréteurs lorsque nos céréales étaient chargées après des terres de chantier. Tous les maillons de la chaîne logistique, de la profession batelière qui n’a pas compté ses heures aux équipes de Voies navigables de France, se sont mobilisés. Finalement, entre avril et juin 2020, nous avons transporté sur la Seine 302 000 tonnes de céréales, contre 181 000 tonnes sur la même période 2019. Un beau succès collectif pour l’écosystème fluvial, au moment où le groupe Soufflet s’est engagé à réduire son empreinte carbone, notamment dans ses activités de transports.”

Andy Fouquier, marinier professionnel, Bateau Bornéo :

“De mars à juin 2020, les céréales ont représenté plus de 80 % de mes chargements, contre 60 % en période normale. Essentiellement du blé que j’achemine de Bray-sur-Seine au port de Rouen. J’ai aussi travaillé presqu’à plein temps avec le groupe Soufflet, qui avait des besoins de transport fluvial très importants : la Russie et l’Ukraine ayant stoppé leurs exportations, la demande de céréales françaises était très soutenue. Les chantiers BTP étant stoppés, il n’y avait plus de matériaux de construction à transporter. Certains bateaux, qui d’habitude ne convoient que des sables sur la Seine, se sont d’ailleurs convertis aux céréales. Il nous fallait également gérer différemment notre vitesse : les écluses ayant été un temps fermées la nuit et les horaires de navigations réduits, le trajet prenait en moyenne un jour de plus. Mais étant donné le contexte sanitaire et économique, j’étais bien content de travailler. Céréaliers, opérateurs fluviaux, Voies Navigables de France, tout le monde s’est battu pour que l’activité fluviale puisse continuer. Les avis, exprimés lors des cellules de crise hebdomadaires auxquelles j’assistais en tant que représentant E2F* pour le bassin de la Seine, ont été pris en compte. Nous avions une écoute attentive de nos besoins, ce qui était appréciable”.

* Syndicat professionnel Entreprises Fluviales de France

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