Transport de céréales en “période Covid” : comment le réseau fluvial et les ports se sont adaptés

Le port de Rouen est le premier port d’Europe de l’Ouest pour l’exportation de céréales. L’opérateur de fret et prestataire portuaire Sénalia représente 50 % de son activité de chargement maritime de céréales. Témoignages sur la “période Covid” et la manière dont le transport fluvial s’est adapté.

Manuel Gaborieau, délégué commercial filière céréales agro industrie engrais chez Haropa :

“Hormis la première semaine où il a fallu mettre en place les protocoles sanitaires, l’activité portuaire a fonctionné normalement pendant tout le premier confinement. Il ne fallait pas prendre de retard dans le chargement des navires car il y avait de gros volumes de céréales à sortir. Qualité, quantité, compétitivité prix : la campagne 2019-2020 était excellente et des ventes intéressantes avaient été réalisées début 2020. De mars à avril, les opérateurs portuaires ont chargé plus d’un million de tonnes de céréales par mois, soit + 20 % par rapport à 2019, qui était déjà une bonne année. La voie d’eau représente 27 % des céréales réceptionnées à Rouen, il était donc impératif qu’il n’y ait pas de rupture des acheminements fluviaux. L’accueil des marchandises n’aurait pas pu se faire dans de bonnes conditions si nous avions dû tout recevoir par camions. Mais grâce au dialogue constructif entre la filière céréale, les opérateurs de transport, les silos portuaires et Voies navigables de France, l’organisation était là : les écluses ont été ouvertes au bon moment, certes sur une moindre amplitude horaire, mais concentrée sur les pics d’activité. Le travail étroit avec les opérateurs portuaires (manutentionnaires, agents maritimes, silos…) a fait le reste. Le transport fluvial a fait une nouvelle fois la preuve de sa flexibilité”.

3 questions à Alain Charvillat, directeur céréales export de Sénalia

Comment s’est passée la campagne 2019-2020 de chargement de céréales pour Sénalia ?

AC : Nous avons chargé 5,3 millions de tonnes de marchandises. La moyenne se situe plutôt autour de 4 millions ! Le fluvial a représenté un tiers de ces volumes. En quatre ans, sa part modale est passée de 25 à 33 %.

Et les exports de céréales pendant la période de confinement ?

AC : Nous avons eu un gros appel de marchandises au printemps 2020. Certains clients, comme l’Algérie et le Maroc, se sont immédiatement manifestés pour s’assurer que la France continuait à exporter ses céréales. Nous sortions aussi d’un épisode de grèves important, cumulé à une période  de hautes eaux, pendant laquelle les péniches ne passaient plus sous les ponts à Paris. Nous avons donc très vite dû monter au maximum de nos capacités de déchargement, soit plus de 50 000 tonnes par semaine, et monopoliser la plupart des cales libres. Heureusement, les restrictions d’horaires sur les écluses se sont vite allégées et le port de Rouen a fait preuve d’une grande souplesse pour faciliter les mouvements des cales sur nos quais de déchargement. C’était impératif : nos stocks tampon étant très faibles au regard de la vitesse de sortie des céréales, nous avions besoin de gros volumes d’entrée.

Quels défis demain pour le transport fluvial de céréales ?

AC : J’en vois quatre : la capacité à maintenir l’entretien des réseaux, à renouveler la flotte dans un objectif de moindre impact écologique, à attirer de nouvelles générations de mariniers notamment via la création de vrais pôles d’accueil dans les ports, enfin la numérisation, notamment la dématérialisation des documents d’accompagnement des marchandises.

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