Le transport fluvial de céréales ne connaît pas la crise

Par sa capacité à acheminer de façon régulière de grandes quantités de matières premières, sa fiabilité, et sa pertinence économique et écologique, le mode de transport fluvial est parfaitement adapté au transport de céréales. Pendant le confinement du printemps 2020 et la crise sanitaire, la chaîne logistique fluviale a fait preuve d’une vraie résilience pour accompagner une filière céréalière sous tension.

“La France est une terre de grandes cultures céréalières. Climat, terroir, savoir-faire : nous avons tout ! La filière est stratégique pour le pays : elle dégage un excédent commercial de 6 à 8 Mds€ par an, contribue à notre souveraineté alimentaire et à la sécurité alimentaire de nos partenaires en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, explique Jean-François Lépy, référent logistique d’Intercéréales. Quand survient la pandémie de covid-19 au printemps 2020, pas question donc d’ajouter une crise alimentaire à la crise sanitaire. L’offre était importante car la collecte 2019 avait été excellente. La demande à l’export était d’autant plus soutenue que d’autres pays exportateurs comme la Russie et l’Ukraine avaient instauré des restrictions pour protéger leur marché intérieur. Coopératives et ports français devaient honorer leurs commandes. Il ne fallait pas que la logistique fluviale se grippe”.

Continuité du transport fluvial : tous mobilisés !

Car la voie d’eau est un des modes de transport les plus utilisés par les céréaliers. “Régulier, fiable, non saturé, plus doux pour l’environnement, son coût à l’€/t est inférieur à celui du camion et du train, reprend Jean-François Lépy. L’interprofession s’est donc très vite mobilisée pour mettre en place une cellule de crise, faire remonter les blocages et assurer les flux de transport fluvial nécessaires. Alors que la majorité du pays était sous cloche, la chaine a continué à tourner”. Présence accrue auprès des transporteurs et chargeurs pour anticiper leurs plans de charge, information des grands ports maritimes via la mise en place d’un bulletin de fret hebdomadaire, réunions régulières avec le ministère et les fédérations d’armateurs et artisans fluviaux pour assurer la disponibilité de la cale, suspension des péages pour ne pas pénaliser les bateliers… Voies navigables de France s’est vite mis en ordre de marche. “Nous avons dû réduire les plages d’ouverture des écluses pour protéger les agents. Mais même en mode dégradé, le réseau a fonctionné, avec peu d’impact sur la logistique céréalière, se réjouit Juliette Duszynski, référente filière céréales de Voies navigables de France et chef du service développement du Bassin de la Seine. Mieux même : en hausse de 13,4 % à la fin du premier semestre 2020 sur le bassin de la Seine, le trafic fluvial de céréales a compensé en partie la baisse du trafic de matériaux de construction, en chute de 31,1 % sur la période suite à l’arrêt des chantiers.

La filière céréales en quelques chiffres

Planifier la résilience des modes de transport : vers une logistique intermodale

Réactivité, adaptabilité, “service client” : le printemps 2020 a mis en évidence la résilience du transport fluvial. “La voie d’eau sait tout transporter et son image a été renforcée par cette épreuve. Franprix l’utilise depuis des années, et même Ikea s’y intéresse ! Par sa pertinence écologique et économique, elle aura au sortir de la crise un rôle à jouer dans une optique de transition énergétique, de relocalisation industrielle et pourquoi pas de participation aux circuits courts alimentaires, estime-t-elle.

Cette épreuve conforte aussi la pertinence des modes massifiés. “Nous signerons début 2021 un protocole de partenariat avec SNCF Réseau pour mieux valoriser les projets de transports combinés et mieux échanger sur les travaux prévus sur nos réseaux pour faciliter le passage d’un mode à l’autre pour les usagers”, ajoute Eloi Flipo, responsable de la division Transport et Report modal de Voies navigables de France. Un projet salué par Jean-François Lépy. “Cette crise a renforcé la conscience de l’ultra-connexion des modes de transport. Les passerelles qui se mettent en place entre fer et fluvial sont une bonne nouvelle : on doit aujourd’hui réfléchir à une logistique intermodale, conclut-il.

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