Journée mondiale de l’eau : la gestion hydraulique du canal du Rhône à Sète au bénéfice du territoire

Construit il y a plus de 200 ans et long de 65 km, le canal relie le Rhône de l’écluse de Saint-Gilles au Port de Sète, et comprend plusieurs branches secondaires (45 km) : entre Beaucaire et Saint-Gilles, à Aigues Mortes, à Frontignan et à Sète. Permettant la liaison avec le canal du Midi via l’étang de Thau, il traverse les étangs héraultais et la Petite Camargue, dans le Gard.

Le canal a une double vocation : fret et tourisme

Les trafics fluviaux de marchandises, principalement des matériaux de construction et des céréales et tourteaux pour l’alimentation animale, représentent 100 000 tonnes en 2023. Plus de 4 000 bateaux de tourisme sont comptabilisés au pont levant de Frontignan chaque année et on recense également 6 bases de locations de bateau sans permis, 7 bateaux promenades et 8 péniches hôtel (17 M€ de retombées économiques).

Au-delà du fret et du tourisme, l’infrastructure assure également des fonctions stratégiques de protection des populations et des biens contre les crues du Rhône et du Vidourle, mais également de transfert d’eau douce depuis le Rhône vers la Camargue gardoise pour irriguer les terres agricoles et contribuer à la lutte contre la salinisation qui touche l’agriculture et la biodiversité.

Un canal très atypique

A l’exception de l’écluse de Saint-Gilles qui assure la jonction avec le Petit Rhône, le canal ne comporte aucune autre écluse sur sa branche principale, le niveau de l’eau est contrôlé par la mer Méditerranée avec laquelle le canal est connecté à plusieurs endroits au fil de son parcours.

Il est ainsi au cœur d’un ensemble hydraulique complexe :

  • Dans l’Hérault, il traverse les étangs palavasiens classés Natura 2000 et des passes ont été aménagées dans les berges pour assurer la continuité hydraulique et écologique entre les étangs, le canal, les fleuves côtiers et la mer.
  • En Camargue gardoise, il est en connexion avec le réseau très dense et complexe de canaux, roubines et fossés qui ont un rôle en matière d’irrigation agricole, de gestion des étangs et marais, de maintien d’une lame d’eau douce pour résister aux remontées de sel, d’assainissement après de fortes pluies ou encore d’assèchement.
  • Il est traversé par des fleuves côtiers tels que le Vistre, le Vidourle et le Lez.

Une gestion de l’eau pour l’adaptation du territoire au changement climatique

Le territoire de la Camargue gardoise doit faire face à l’accélération du changement climatique. Ces dernières années, on observe ainsi des périodes d’étiage de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues sur le Rhône (problème de débit), une baisse de la pluviométrie et une hausse des températures qui favorisent l’évaporation de l’eau et la salinisation provoquant de nombreux dégâts.

Acteur de la transition écologique et de la gestion de l’eau, VNF est au cœur de la coopération entre les autres partenaires du territoire gardois. Utiles à la navigation, les ouvrages du canal du Rhône à Sète sont stratégiques pour la défense des enjeux auxquels est confronté le territoire :

  • Les ouvrages de Beaucaire, Saint-Gilles et Aigues-Mortes participent à la protection des populations et des biens contre le risque inondation (crues du Rhône et du Vidourle).
  • Les ouvrages de Beaucaire et Saint-Gilles assurent des transferts d’eau douce du Rhône pour l’irrigation agricole et la lutte contre la salinisation (agriculture, biodiversité). VNF a également installé un réseau de capteurs en 2022 pour mesurer en temps réel la salinité de l’eau du canal et agir en conséquence. Le partage des données permettra aux autres acteurs de l’eau d’optimiser la gestion de leurs ouvrages de prise et rejet le long du canal.

Afin de préparer l’avenir, VNF conduit actuellement des études pour fiabiliser et moderniser le fonctionnement de ses ouvrages, et évaluer plus finement les besoins futurs en eau douce de Beaucaire jusqu’au Vistre et au Vidourle. Il s’agit également d’identifier les travaux à entreprendre pour amplifier les apports en eau douce gravitaires pour lutter contre la salinisation. Ces apports constituent l’une des recommandations fortes du rapport sur l’adaptation de la Camargue au changement climatique remis en 2023 au Gouvernement par l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable) et le CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux).

Zoom sur les 4 ouvrages gardois emblématiques en matière de gestion hydraulique

  • La prise d’eau de Beaucaire : il s’agit d’une ancienne écluse construite en 1913 pour connecter le canal (embranchement de Beaucaire) au Rhône. Elle est devenue inutilisable pour la navigation à la suite de la construction des aménagements hydroélectriques de Vallabrègues en 1970. Un imposant batardeau métallique et deux vannes autorégulées par automate installées sous l’ancienne écluse permettent d’assurer l’alimentation en eau douce de l’embranchement de Beaucaire du canal, participant ainsi à l’alimentation hydraulique du port de plaisance de Beaucaire et des terres agricoles. VNF a réalisé en 2017 la sécurisation de l’ouvrage pour résister à la crue de référence du Rhône utilisée pour le dimensionnement de l’ensemble des digues du Rhône. L’ouvrage fait partie depuis juin 2022 du système d’endiguement géré par le Symadrem.
  • Le déversoir de Nourriguier (Beaucaire) : situé 100 m à l’amont de l’écluse de Nourriguier et 7 km à l’aval de la prise d’eau au Rhône de Beaucaire, en rive droite du canal, il permet de réguler le niveau d’eau du canal par un système de vannes à guillotine, qui redirigent le trop plein du bief dans un contre-canal. Ce contre-canal débouche dans la branche secondaire du canal, à l’aval de l’écluse. Originellement un déversoir d’orage, il est testé depuis l’été 2023 pour réaliser des transferts continus d’eau douce vers la Camargue gardoise menacée par la salinisation des eaux et des sols (capacité : 1 m3/s quelle que soit la pluviométrie soit 2,5 millions m3 par mois).
  • L’écluse de Saint-Gilles : construite en 1973 lors des aménagements hydro-électriques du Rhône à Vallabrègues, cet ouvrage à grand gabarit (200 m de long) constitue l’entrée sur le canal du Rhône à Sète pour l’ensemble des bateaux. Constituée côté Petit Rhône d’une porte d’exploitation et d’une porte de garde fermée lors des crues, elle fait partie depuis juin 2022 du système d’endiguement rive droite du Petit Rhône géré par le Symadrem pour la protection des populations et des biens. Depuis mars 2022, une quinzaine d’éclusages sans bateau sont réalisés chaque jour par VNF pour transférer plusieurs millions de m3 d’eau douce vers la Camargue gardoise menacée par la salinisation.
  • Les portes du Vidourle (Aigues-Mortes) : lors des crues du fleuve, ces 2 imposants ouvrages à guillotine métalliques sont abaissés pour protéger le canal du Rhône à Sète et les terrains à l’arrière des berges, et aider le fleuve à rejoindre la mer. Edifiées en 1824, les portes ont été agrandies et modernisées en 1935, 1957 et 1993. Lors des épisodes cévenols, une surveillance 24 h/24 h est mise en place. L’ouvrage fait partie depuis juin 2022 du système d’endiguement de la rive gauche du Vidourle géré par l’EPTB Vidourle pour la protection des biens et des populations d’Aigues-Mortes et Saint Laurent d’Aigouze.

<p>VNF garantit <strong>la gestion, le transport et la mise à disposition de l’eau sur les territoires </strong></p>

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