Lutte contre les plantes exotiques envahissantes : des solutions innovantes dans le port de Saint-Jean-de-Losne

Située en Côte-d’Or, la gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne est envahie depuis plusieurs années par le Myriophylle Hétérophylle. Pour lutter contre sa prolifération, Voies Navigables de France et ses partenaires ont lancé en mars 2022 une expérimentation combinant 4 techniques de lutte : un biotraitement, un dispositif de rideaux de bulles, des systèmes d’aération et de brassage de l’eau et un inhibiteur de photosynthèse. Ce procédé innovant n’avait pas encore été testée en France. Les résultats de cette première année d’expérimentation étant encourageants, il a été décidé de poursuivre le test en 2023.

Une expérimentation combinant 4 techniques de lutte

L’expérimentation a pour objectif d’entrer en compétition avec la plante et de l’affaiblir en consommant les nutriments présents dans les sédiments et la colonne d’eau tels que l’azote et le phosphore par exemple. Cette dernière n’ayant plus les nutriments nécessaires à son développement voit sa prolifération être limitée voire réduite.

Pour avoir un maximum d’efficacité, l’expérimentation a consisté à :

  1. Effectuer un faucardage profond et hivernal avant son pic de croissance au printemps.
  2. Répandre des bactéries bénéfiques, testées en laboratoire, une fois par mois, de mars à octobre, qui consommeront les nutriments. Des analyses régulières de sédiments et de l’eau sont réalisées afin d’adapter au mieux l’application des bactéries.

En parallèle, des techniques complémentaires ont été déployées :

  • Trois rideaux de bulles ont été déployés à l’entrée du port pour éviter que la plante ne contamine la Saône, contenir les produits.
  • Un système d’aération et de brassage d’eau a été installé pour oxygéner et brasser l’eau. Cela permet de favoriser le développement des bactéries bénéfiques et de limiter la croissance de la plante
  • Un inhibiteur de photosynthèse qui colore l’eau en bleu profond et renvoie 40 % des rayons du soleil grâce à son effet miroir. Avec moins de lumière (équivalent à des conditions automnales), la plante s’affaiblit et son expansion est limitée.

Les premiers constats

Une repousse et une quantité de biomasses plus faible de la plante a été constatée en 2022 par rapport à 2021, permettant ainsi une navigation en continu sur la gare d’eau pendant toute la saison. Cependant, les conditions météorologiques particulièrement extrêmes en 2022, ont pu contribuer également à cet affaiblissement.

Les résultats de cette première année d’expérimentation étant encourageants tout en n’étant pas suffisamment conclusifs, il a été décidé de poursuivre le test en 2023.

Les résultats de cette deuxième année montrent :

  • une réduction de près de 75 % de la quantité de plante extraite de la gare d’eau en 2023.
  • une repousse plus lente et plus dispersée de la plante
  • une navigation également maintenue en continue contrairement aux années précédent l’expérimentation (arrêts de navigation alors fréquents à cause des plantes).

Un protocole d’entretien expérimental est en cours d’étude et une phase de test sera réalisée en 2024. Version allégée des solutions testées en 2022 et 2023, il devrait permettre d’assurer les activités nautiques pendant toute la saison, tout en optimisant les coûts liés à la gestion de la plante.

Une initiative partenariale

Cette initiative innovante a été portée par VNF et a reçu le soutien financier de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse ainsi que du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Elle a fait l’objet d’un suivi scientifique rigoureux en lien avec le laboratoire interdisciplinaire des environnements continentaux du Centre national de la recherche scientifique de Lorraine.

VNF a fédéré de nombreux acteurs sur ce dossier comme les professionnels de la gare d’eau : le Pays Beaunois, la Communauté de Communes Rives de Saône et les mairies de Saint-Jean-de-Losne et de Saint-Usage mais également, la DREAL Bourgogne-Franche Comté, la Région Bourgogne-Franche-Comté et l’EPTB Saône Doubs.

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